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La psychanalyse, disait Dolto, c'est apporter à chaque séance un message inconnu de soi-même et qu'un autre perçoit parce qu'il est payé pour y être attentif et pour se projeter le moins possible. C'est une aventure revécue de sa propre vie. Rares sont aujourd'hui encore ceux qui connaissent les bienfaits véritables de cette technique d'utilité publique inventée par Freud. Aussi remarquable que subversive, cette pratique profondément éthique se détermine d'un lien social à deux inédit et permet à celui qui en bénéficie - enfant, adolescent ou adulte - de retrouver dans le parler ce qu'il lui faut de jouissance, de courage et de détermination pour que son histoire continue. Elle révolutionne de surcroît son rapport à lui-même, aux autres et au monde. Bienvenue. Cécile Crignon

Rectification salubre (quelque offense qu'elle apporte au préjugé psychologique )

- Seule la psychanalyse est en mesure d’imposer à la pensée cette primauté [ du signifiant sur le signifié ] en démontrant que le signifiant se passe de toute cogitation, fût-ce des moins réflexives, pour exercer des regroupements non douteux dans les significations qui asservissent le sujet, bien plus : pour se manifester en lui par cette intrusion aliénante dont la notion de symptôme en analyse prend un sens émergent :

 

le sens du signifiant qui connote la relation du sujet au signifiant.

 

Aussi bien dirions-nous que la découverte de Freud est cette vérité que la vérité ne perd jamais ses droits, et qu'à réfugier ses créances jusque dans le domaine voué à l'immédiateté des instincts, seul son registre permet de concevoir cette durée inextinguible du désir dont le trait n'est pas le moins paradoxal à souligner de l'inconscient, comme Freud le fait à n'en pas démordre.

 

Mais pour écarter toute méprise, il faut articuler que ce registre de la vérité est à prendre à la lettre, c'est-à-dire que la détermination symbolique, soit ce que Freud appelle surdétermination, est à tenir d'abord comme fait de syntaxe, si l'on veut saisir ses effets d'analogie. 

 

Car ces effets s'exercent du texte au sens, loin d'imposer leur sens au texte. Comme il se voit aux désirs proprement insensés qui de ces effets sont les moins retors.

 

De cette détermination symbolique, la logique combinatoire nous donne la forme la plus radicale, et il faut savoir renoncer à l'exigence naïve qui voudrait en soumettre l'origine aux vicissitudes

de l'organisation cérébrale qui la reflète à l'occasion. 

 

Rectification salubre, quelque offense qu'elle apporte au préjugé psychologique.

 

[...]

 

Un psychanalyste doit s'assurer dans cette évidence que l'homme est, dès avant sa naissance et au-delà de sa mort, pris dans la chaîne symbolique, laquelle a fondé le lignage avant que s'y brode l'histoire, — se rompre à cette idée que c'est dans son être même, dans sa personnalité totale comme on s'exprime comiquement, qu'il est en effet pris comme un tout, mais à la façon d'un pion, dans le jeu du signifiant, et ce dès avant que les règles lui en soient transmises, pour autant qu'il finisse par les surprendre, — cet ordre de priorités étant à entendre comme un ordre logique, c'est-à-dire toujours actuel.

 

(Jacques Lacan, Situation de la psychanalyse en 1956)

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